A la veille de la Conférence nationale du handicap, qui doit se tenir mardi à l’Elysée, elle peut même être citée en exemple. En effet, parmi les 130 employés par ACVO, 110 sont des salariés en situation de handicap.
article par Stéphanie Forestier publié sur le site leparisien.fr, le 09 02 2020
En apparence, rien ne différencie l’Atelier du Compiégnois et de la Vallée de l’Oise (ACVO) d’une entreprise classique. Spécialiste de la propreté, du conditionnement et du traitement des déchets pour les professionnels, la société est reconnue dans l’est du département pour la qualité de son travail. Il ne s’agit pas, toutefois, d’une « boîte » comme les autres.
Imaginée par la section oisienne de l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), l’entreprise adaptée est dirigée par l’Association de gestion des ateliers protégés (Agap).
« Nous employons des personnes qui ont été déclarées inaptes dans une entreprise classique »
Il existe neuf structures de ce type dans l’Oise – ACVO étant la plus importante – qui répondent à un besoin fort. Selon Cap intérim, agence de travail temporaire spécialisée, près de 2000 travailleurs handicapés seraient à la recherche d’un emploi dans le département.
« Nous employons des personnes qui ont été déclarées inaptes dans une entreprise classique, avec des troubles intellectuels, psychiques ou cognitifs, ou encore des malvoyants, souligne Pascale Lecoq, directrice d’ACVO. Bien entendu, nous ajustons les postes aux pathologies, et l’encadrement est également adapté. »
Les personnes handicapées sont dans toutes les strates de la société : à l’accueil, dans le management, les services administratifs, au conditionnement, dans les entrepôts… « Nous avons le même fonctionnement qu’une entreprise lambda, poursuit la responsable. Avec des élections de délégués du personnel, des NAO (négociations annuelles obligatoires, NDLR), etc. En cas de faute, on sanctionne, mais on est un peu plus souple. »
Chez ACVO, une valeur prédomine : le respect de chacun. « Le handicap n’est pas forcément visible, ce sont les salariés qui décident d’en parler ou pas », insiste Pascale Lecoq. « Parfois, il y a des réflexions amusantes, mais il peut aussi y avoir des crises. Après, on comprend et on gère bien », explique David. À 45 ans, ce dernier est employé en contrat professionnel depuis juin 2019, pour devenir préparateur de commandes. Un incident de la vie l’a contraint à arrêter son métier de prothésiste dentaire.
«Ce travail m’a redonné confiance »
Arnaud, lui, est là depuis un an. Cet homme de 43 ans indique avoir « enfin » trouvé de la stabilité. « J’ai été victime d’un licenciement économique. Après des mois d’intérim, j’ai enfin trouvé ce CDI. Ce travail m’a redonné confiance. »
Grâce à l’Atelier du Compiégnois, certains employés, reboostés, ont remonté la pente. En passant leurs permis de conduire, en montant, à terme, leur micro-entreprise… Certains se sont mariés après avoir rejoint les effectifs. « Avoir du travail, cela valorise de manière générale, assure Pascale Lecoq. Et là, dans ce cadre, c’est encore plus vrai ! »
Et bonne nouvelle, ACVO, créée en 1991, se développe continuellement. Récemment, l’Atelier a ainsi quitté la partie Compiégnoise de la ZAC de Mercières pour rejoindre un site de 3750 m2 dans le parc technique et scientifique de Lacroix-Saint-Ouen. Objectif : accroître ses activités.
3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires
Notamment avec le lancement de CDD tremplin. « Ce sont des formations professionnelles en interne pour intégrer les personnes handicapées dans le monde du travail dit ordinaire, explique le président de l’AGAP, Denis Renaudin. Huit postes ont été ouverts, sur des périodes allant de 4 à 18 mois. »
« Nous allons aussi devenir une entreprise de travail temporaire cette année, en plaçant notre personnel formé à l’extérieur, avec toujours le même objectif : l’inclusion. » Un développement qui peut s’appuyer sur de bons résultats : avec un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros (M€) et plus de 1000 tonnes de déchets traités par an, ACVO est une entreprise qui marche.
Colgate-Palmolive, Sanofi, Sun Chemical, Hanes, la Société Générale, le Crédit Agricole ou encore Enercon leur font notamment confiance. « Nous les employons en sous-traitance pour la propreté de nos locaux au Meux, mais aussi pour le traitement de nos déchets de bureaux, détaille Sandrine Gonçalves, responsable des services généraux chez Enercon. Nous avons un bon relationnel avec eux, les salariés sont très bien managés. »
De plus, ACVO a sa botte secrète. En faisant appel à elle, les entreprises qui ne remplissent pas leur obligation d’employer 6 % de salariés en situation de handicap, peuvent malgré tout bénéficier de pouvoir malgré tout bénéficier d’exonération. « On est dans ce cas, témoigne Sandrine Gonçalves. L’éolien est un métier ultra-spécialisé et très technique. C’est presque impossible d’être en conformité avec la loi. »