La distance chronologique qui nous sépare de cette affaire nous permet de prendre conscience des enjeux socio-historiques, mais également formels et rhétoriques, de l’emballement médiatique. Contrairement à ce pensent de nombreux acteurs actuels du monde des médias, il n’a en effet pas fallu attendre Twitter ou Facebook pour voir se manifester une information sans contrôle ni raison. Mais, s’agissant de journalistes aguerris, les phénomènes de viralité et de concurrence rhétorique de l’époque nous forcent à les considérer non comme des dérapages regrettables, mais comme une des réalités constitutives du système médiatique qui se met en place dans les années trente, et dont nous ne sommes pas sortis.
Comment gérer de l’information en continu ?
Les médias ont horreur du silence. Tributaires des agences de presse et des journaux américains, où tabloïds et journaux « sérieux » se livrent une guerre féroce, les journaux francophones tentent de gérer le flot continu des informations qui leur parviennent, voire de transformer une absence d’information en fait nouveau.