Ateliers nomades : les grands musées s’invitent dans les quartiers

À travers l’opération des Ateliers nomades, Argenteuil accueille le musée du Quai-Branly au Val-d’Argent nord. Tandis que Gonesse met en place un musée numérique.
« On est à seize kilomètres du cœur de Paris et de ses musées. C’est tout proche et en même temps si éloigné ! » Une fois n’est pas coutume, Argenteuil bénéficie d’une liaison directe avec le musée du Quai-Branly durant toute la semaine. Grâce aux « ateliers nomades », l’établissement qui renferme des collections issues du monde entier, part à la rencontre d’un nouveau public. Le partenariat signé avec la ville d’Argenteuil s’étend sur deux ans, déroulant une programmation originale.

article de marie Persidat publié sur le site leparisien.fr, le 13 10 2019

Deux temps forts rythment ce calendrier culturel. Le premier, en mars dernier, avait mis en lumière la culture japonaise. Le second volet, qui a démarré samedi, jette des ponts entre le quartier du Val-d’Argent nord et un tout autre continent. « Cette fois-ci nous mettons l’accent sur l’Amazonie, via une réinterprétation très libre par les acteurs du territoire », explique Djamel Mirat, directeur de la maison de quartier.

Ce samedi, devant l’accueil de loisirs Gavroche, les enfants s’activaient pour construire des jardinières à partir de palettes de récupération. L’objectif final est de revégétaliser un peu ce quartier qui en a bien besoin. « Nous allons planter des choses dedans après ! », s’enthousiasme Irem, 11 ans. « Moi j’aimerais bien mettre des tomates. » Aïda et Dounia, elles, pensent plutôt à des fleurs.

Plus de 200 personnes ont déjà découvert les collections

Aucune de ces jeunes filles ne sait vraiment ce qu’est l’Amazonie, et encore moins le musée du quai Branly. Mais cela pourrait bien changer car le partenariat entre la ville et l’établissement parisien est en train d’ouvrir de nouvelles portes dans le quartier du Val-d’Argent nord. Ce dimanche, une soixantaine d’habitants sont allés découvrir les collections, au pied de la tour Eiffel. Une visite contée, permettant de découvrir les origines africaines de la musique brésilienne était notamment proposée.

LIRE AUSSI > Les chefs-d’œuvre des musées accessibles en quelques clics à Villiers-le-Bel

« Nous avons déjà emmené plus de 200 personnes là-bas », explique Djamel Mirat, « c’est un carton plein ! » Tous les profils d’habitants sont concernés. « Nous avons emmené les enfants de l’aide au devoir, et beaucoup d’autres comme les personnes qui apprennent le français. C’était un moment très émouvant car ces habitants-là ont retrouvé des objets traditionnels de chez eux dont ils connaissaient parfaitement l’utilité. »

Plusieurs œuvres exposées au sein du quartier

En parallèle bien d’autres structures ont organisé des visites du Quai Branly comme les écoles du quartier. « C’est un territoire qui a besoin d’être boosté au niveau culturel », reconnaît le directeur de la maison de quartier du Val nord. « Beaucoup pensent encore que les musées sont des lieux élitistes où ils n’ont pas leur place. Et puis il y a la question du coût, cela représente une somme d’aller à Paris. Il y a un ensemble de facteurs limitant. Le projet des ateliers nomades crée de véritable passerelle puisque tout le monde peut profiter de la gratuité. »

Et pour attirer ce nouveau public vers ces temples de l’art, tous les moyens sont bons. Ce mercredi, devant l’espace jeunesse Val nord sera proposée une initiation de foot Freestyle et Capoeira, en lien avec la culture brésilienne. Vendredi, après un atelier pour apprendre à confectionner ses produits d’entretien de manière naturelle, les familles pourront apprendre à préparer des plats typiques de ce pays. Et le lendemain, samba, crêpes au manioc seront au programme ainsi qu’un concert de Batucada. C’est ce même samedi qu’aura lieu une grande exposition au cœur même du quartier. Plusieurs œuvres du musée du Quai-Branly vont être présentées à tous au sein de l’Atrium. Des conférencières seront présentes pour aider les familles à décrypter ces pièces de collection.
Argenteuil n’est pas la seule ville à créer une voie d’accès privilégiée entre les quartiers et les musées. Gonesse, comme Villiers-le-Bel l’an dernier, vient de mettre en service sa « microfolie » dans les locaux du centre socioculturel Louis Aragon. Grâce à un écran géant et à des tablettes, tous les habitants peuvent se familiariser avec plus de 1 159 œuvres issues de diverses structures prestigieuses, du Louvre à la Philharmonie en passant par le Centre Pompidou et le château de Versailles. « C’est une expérience interactive, chacun peut découvrir les œuvres à son rythme », explique Jennifer Blanpain la référente du projet. « L’un peut s’arrêter sur la Joconde tandis que son voisin est sur l’opéra de Paris. »