Rentrée des classes à Mossoul, ville irakienne reprise à Daesh

Cet été, de nombreux enfants irakiens sont retournés sur les bancs de l’école, dans  l’ouest de Mossoul. Des établissements scolaires avaient déjà rouvert leurs portes dans l’est de la ville, où les combats avaient cessé dès janvier.

CONTEXTE

1- Cet été, l’armée irakienne a repris Mossoul. La ville avait été conquise par Daech en 2014.

2- La bataille pour la reconquête de Mossoul avait débuté en octobre. Des troupes irakiennes avaient alors entamé le siège de la ville, soutenues par la coalition occidentale (États-Unis, France…).

3- La deuxième ville d’Irak a été défigurée. Ses 54 quartiers résidentiels ont tous été endommagés ou détruits (15 d’entre eux). En huit mois de combats, 948 000 habitants (sur 1,2 million) ont fui Mossoul.

 « Le retour des enfants à l’école a été un grand moment »

« Le retour des enfants à l’école a été un grand moment, s’exclame Tamara Kummer, du bureau Afrique du Nord/Moyen-Orient de l’Unicef. Pendant des mois, la ville a été une zone de guerre. Et les établissements scolaires n’ont pas été épargnés… » Dès que certaines parties de Mossoul ont été accessibles, des associations ont commencé à déminer des écoles et à les réparer. Il leur a fallu également installer de nouvelles classes, sous des tentes ou dans des bâtiments préfabriqués.

« Dans la partie est, 437 écoles ont rouvert, explique Tamara Kummer. Et dans la partie ouest, elles sont aujourd’hui 110. En tout, plus de 500 000 élèves ont repris les cours. » Malgré les conditions difficiles (classes surchargées, manque de matériel…), beaucoup d’élèves sont heureux de retrouver une vie à peu près normale. De nombreux  enseignements avaient été interdits par Daech : le groupe terroriste avait supprimé les cours d’histoire, de géographie ou de sciences. Seuls la religion islamique, l’arabe et l’anglais étaient enseignés. D’ailleurs, le gouvernement irakien ne reconnaît pas l’enseignement prodigué sous Daech. La plupart des élèves ont donc repris l’école au niveau où ils l’avaient quittée, en 2014. Un nouveau combat se dessine pour les défenseurs des droits de l’enfant : inciter les familles à scolariser leurs enfants.

« L’Irak est en guerre depuis de nombreuses années, précise Tamara Kummer. Beaucoup de familles ont été déplacées et se sont appauvries. Certaines préfèrent envoyer leurs enfants travailler, pour gagner de l’argent. »

Entretien réalisé par E. Roulin, Play Bac Presse. En partenariat avec le journal l’Actu .

Encadré : «  L’éducation, clé du développement d’un pays »

Pauvreté, conflits, discrimination… De nombreux enfants sont encore exclus du système éducatif dans le monde.

Des millions d’enfants en âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisés : dans le monde, 58 millions n’accèdent pas à l’école primaire et 63 millions au collège. La majorité sont des filles. Continents les plus touchés : l’Afrique et l’Asie.

Migrer pour étudier

La plupart du temps, ces enfants ne vont pas à l’école à cause de la pauvreté, des conflits ou des discriminations (d’ordre sexuel ou ethnique). Les handicapés sont souvent exclus. Des enfants sont également forcés de travailler ou enrôlés dans des groupes armés. Selon les spécialistes, les enfants privés d’éducation n’acquièrent pas les connaissances qui leur permettront de contribuer au développement de leur pays.

Ce manque d’instruction aggrave donc la situation difficile dans laquelle ils se trouvent déjà. Les familles ayant fui leur pays citent d’ailleurs l’éducation parmi les principaux facteurs les ayant incités à migrer. Une enquête de l’Unicef a révélé que 38 % des enfants réfugiés et migrants présents en Italie étaient venus en Europe dans l’espoir d’accéder à une éducation. Même constat en Grèce : selon une autre enquête de l’Unicef, la principale motivation d’un migrant sur trois ayant rallié l’Europe est de permettre à ses enfants de suivre une scolarité et d’apprendre.

Roulin, Play Bac Presse.   En partenariat avec le journal l’Actu .