Quelle vie après le niqab ? Rencontre avec celles qui ont retiré le voile

Revenons sur Alexia. Je l’ai rencontrée le 6 août 2011 dans le cadre de mes recherches sur le voile intégral lors d’une manifestation du groupe salafiste revendicatif Forsane Alizza (littéralement Cavaliers de la fierté) à Aulnay-sous-Bois, en banlieue parisienne.

Manifestation du groupuscule Forsane Alizza le 6 août 2011 où j’ai rencontré Alexia. Au centre son leader, Mohamed Achamlane. Depuis 2015, il est en détention pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.Agnès De FéoAuthor provided

Elle était entièrement couverte sous le niqab et se présentait comme l’épouse d’un des leaders du groupe. Alexia se souvient de cette époque : « Nous considérions tous les musulmans républicains comme des mécréants. Nous faisions le takfir (excommunication) contre ceux qui ne pratiquaient pas comme nous. Nous étions opposés au taghout, l’[idolâtrie ici au sens large, ndlr], c’est-à-dire à l’État et aux institutions. Nous étions dans l’exagération, nous nous définissions comme ghûlat, qui signifie extrémiste en arabe. »

Alexia en 2013. Agnès De FéoAuthor provided

En fait ce terme est en général utilisé pour dénigrer les chiites qui exagèrent le culte rendu au prophète et à sa famille. Mais il est utilisé par ce sous-groupe salafiste pour se désigner lui-même. Cette tendance, également nommée takfiriste est née dans les années 1970 en Égypte, pour l’usage qu’ils font du takfir sans la moindre légitimité. Ils se montrent sans pitié pour exclure de l’islam ceux qu’ils jugent déviants sans pour autant forcément appeler au djihad.