Mort d’Arnaud Beltrame. « Ce n’est pas un sacrifice », dit sa mère Nicolle

Nicolle Beltrame, mère du colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, était l’invitée ce mercredi de Ruth Elkrief sur BFMTV. Pour elle, son fils ne s’est pas « sacrifié » pour sauver l’otage de Radouane Lakdim. « Je suis sûr qu’il ne pensait pas mourir. Il pensait qu’il aurait le dessus », dit l’ancienne infirmière qui était interviewée depuis son domicile dans le Morbihan.

publié sur le site de Ouest France

C’est une femme souriante et très digne que les téléspectateurs ont écoutée ce mercredi face à la journaliste Ruth Elkrief. Nicolle, maman d’Arnaud Beltrame, qui avait déjà accepté de nous dire quelques mots au lendemain du décès de son fils, a répondu aux questions de l’intervieweuse de BFMTV.

« Excusez-moi mais cela peut surprendre que vous ne soyez pas effondrée », lui a notamment demandé Ruth Elkrief, une semaine après l’hommage national rendu à son fils, le colonel Arnaud Beltrame. « Je tiens le coup. Il le faut. Je tiens à lui rendre hommage de toutes mes forces […] Je ne plie pas. Je ne baisse pas les yeux. Je suis humaine. J’ai des valeurs morales. J’aime la vie. Et la vie, c’est la mort. Je garderai cette joie de vivre, je resterai comme ça ».

« Il pensait qu’il arriverait à le maîtriser »

La mère du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, devenu colonel à titre posthume, n’accepte pas qu’on dise que son fils s’est sacrifié : « Je ne suis pas d’accord avec ça. Il ne pensait pas qu’il allait mourir. C’était son métier. Il allait se marier bientôt. Ce n’est pas un sacrifice. C’était un combattant. Je suis sûr qu’à aucun moment, il n’a pensé qu’il n’aurait pas le dessus. Il pensait qu’il arriverait à le maîtriser », dit-elle en évoquant le terroriste qui a tué son fils.Parce qu’il avait suivi des entraînements dans ce sens, sa mère pense que c’était à Arnaud Beltrame d’y aller pour essayer de sauver l’otage.

De la même manière, la maman du gendarme ne veut pas qu’on récupère l’image de son fils pour en faire ce qu’il n’était pas. Elle qui le connaissait bien, reconnaît qu’il était catholique, mais ce grand amateur de randonnée « ne marchait pas que sur des calvaires ». Pas question pour elle de le faire passer pour plus religieux qu’il ne l’était. Ni de le récupérer pour telle ou telle cause.

« C’était la patrie d’abord, la famille après »

Elle a aussi confié à Ruth Elkrief combien son métier comptait pour lui et ce, depuis toujours : « Enfant, il jouait toujours avec de petits soldats. On lui donnait aussi de petites voitures, mais les soldats revenaient au galop ! » Plus tard, il lui disait : « C’est la patrie d’abord, la famille après ». Nicolle Beltrame raconte aussi que c’était « un grand bosseur » et qu’il était « passionné »

Quand la journaliste lui demande ce qu’elle a pensé de l’hommage national, la mère du colonel Beltrame qualifie la cérémonie de « grandiose à l’image de la perte d’Arnaud ». Et ajoute : « C’était la réunion du peuple français ».

BFMTV

 La maman du gendarme décédé sous les coups du terroriste Radouane Lakdim a eu aussi une pensée pour l’otage qui a survécue grâce à son fils : « Le principal, c’est qu’elle soit heureuse, qu’elle profite de la vie puisqu’elle est vivante ». Nicolle Beltrame pense aussi à sa belle-fille Marielle qu’elle ne connaissait que depuis peu mais qu’elle aime beaucoup.
 Enfin, Mme Beltrame aimerait que l’image de son fils aide les Français à être « plus altruistes », à « ne pas se regarder le nombril » et à « arrêter de ne penser qu’à (leur) petit confort. »