Laïcité : ce qui est autorisé ou pas au collège et au lycée

Les faits

Un nouveau guide de la laïcité vient d’être distribué aux chefs d’établissement et aux enseignants.

article publié le 14 06 2018 par le journal « L’Actu » édité par le groupe Playbacpress 

Respecter la laïcité à l’école pour « vivre ensemble »

La religion doit rester à sa place dans l’Éducation nationale.

 

 

 

 

 

Contexte :

1- Les origines de la laïcité remontent au siècle des Lumières (XVIIIe siècle) et à la Révolution française.

2- La Révolution française a mis fin à la monarchie de droit divin et aux privilèges du clergé. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) a affirmé la liberté de conscience et l’égalité des droits.

3- En 1881, l’enseignement public est devenu gratuit, obligatoire et laïc. En 1905 a été votée la loi de séparation de l’État et des Églises : la République ne favorise aucune religion et n’en finance aucune.

La laïcité repose sur trois principes. D’abord, la liberté de conscience et de culte : chacun est libre de choisir et d’exercer sa religion, ou de ne pas en avoir. La religion est considérée comme une liberté individuelle d’ordre privé. Vient ensuite la séparation de l’État et des religions : « La République ne reconnaît, ne subventionne et ne salarie aucun culte », affirme la loi. L’État, ses collectivités et ses services publics doivent être neutres vis-à-vis des religions, qui doivent se financer elles-mêmes (par les dons de leurs fidèles). Enfin, le 3e principe est l’égalité de tous devant la loi, quelles que soient les convictions de chacun.

Comment ça marche ?

L’école est laïque, ce qui signifie que l’État doit assurer aux élèves la possibilité de recevoir un enseignement dans un égal respect de toutes les croyances. Aucun enseignement religieux n’est dispensé dans les établissements scolaires publics. Le guide de la laïcité rédigé par l’Éducation nationale dresse la liste de ce qui est permis ou pas à l’école. Il précise qu’en cas de conflit, le dialogue avec l’élève et ses parents doit être privilégié. Tu peux télécharger le guide complet sur Internet . Voici quatre points à retenir.

1- Signes d’appartenance à une religion. « La loi ne remet pas en cause le droit des élèves de porter des signes religieux discrets, explique le guide. Sont en revanche interdits les signes et tenues ostentatoires, permettant de reconnaître immédiatement son appartenance religieuse, tels que par exemple le voile dit islamique, la kippa, le turban sikh, le bindi hindou ou une croix de dimension excessive. »

2- Certificat médical pour rater la piscine ou la gym. « Un absentéisme sélectif pour des raisons religieuses n’est pas accepté. En EPS, les certificats médicaux qui pourraient apparaître de complaisance peuvent être soumis au contrôle du médecin scolaire académique », note le guide. Idem si l’élève refuse de participer à un cours (ex. : éducation sexuelle), une activité ou une sortie : « Les élèves sont soumis à l’obligation d’assiduité : ils doivent suivre l’intégralité des enseignements obligatoires et facultatifs auxquels ils sont inscrits. »

3- Remise en cause des programmes scolaires. Un élève n’a pas le droit, au nom de sa religion, de refuser qu’un sujet (génocide, conflit israélo-palestinien, décolonisation…) soit abordé en cours. L’enseignement distingue les savoirs et les croyances, l’histoire et la mémoire. L’enseignant doit rester neutre, et ne manifester aucune conviction religieuse. Tout prosélytisme est interdit. C’est valable pour les élèves, les professeurs et tout le personnel scolaire.

4- S’absenter pour pratiquer un culte. Une autorisation peut être accordée le jour d’une grande fête religieuse, mais pas sur une longue période (ex. : pour tout le ramadan).

Stéphanie Lelong, Play Bac Presse.

MOTS CLÉS

Bindi  Marque entre les deux yeux portée par des hindous.

Clergé  Prêtres et responsables d’une religion (catholique, protestante…).

Concordat de 1801 Organisation des rapports entre les religions et l’État mise en place par Napoléon Bonaparte. Reste en vigueur en Alsace-Moselle, qui était allemande lors du vote de la loi de 1905.

Culte Religion et sa pratique.

Kippa Calotte portée par les hommes juifs pratiquants.

Ostentatoire Avec ostentation : attitude de quelqu’un qui veut se faire remarquer.

Prosélytisme  Ardeur à imposer ses idées et à recruter des fidèles.

Sikh Adepte du sikhisme, une religion de l’Inde.

CHIFFRES CLÉS

64 % des Français de 16 à 29 ans se déclarent sans religion, selon une récente enquête. 25 % se disent chrétiens (23 % catholiques), 10 % musulmans et 1 % d’une autre religion.

59 % des enseignants disent la laïcité en danger, notamment sur l’enseignement moral et civique ou la mixité filles-garçons (selon l’Ifop). Pour 97 % des sondés, le dialogue résout les tensions.

départements imposent l’enseignement de la religion en primaire et au collège, en vertu du concordat de 1801 : la Moselle, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin.