“En Espagne, on a créé le meilleur système pour se vacciner contre le racisme : on le nie.”

Parce que nous, on n’est pas racistes. Pas du tout. On dit des trucs comme : les racistes sont une minorité. Des gens âgés, de la vieille école, ou ces groupuscules d’extrême droite qui pullulent dans certaines villes espagnoles. Autrement dit, des fascistes.

Qu’est-ce que ça change, que les nazis et les racistes aient le champ libre sur les réseaux sociaux ? Qu’est-ce qu’on en fait, des problèmes indéniables de discrimination dans de nombreux établissements scolaires du pays, du manque de perspectives, des inégalités d’accès à l’emploi, des persécutions policières, du rejet de toutes parts, des énormes poches de pauvreté, de la chosification, de la condamnation à l’invisibilité, etc ? Qu’est-ce que ça peut bien faire, que sur les terrains de sport espagnols on lance sans arrêt des huées racistes ? Ou qu’il existe en Espagne des lieux comme les CIES (les Centres d’internement des Étrangers), où sont enfermés contre leur volonté des milliers d’immigrants illégaux coupables d’être à la recherche une vie meilleure, avec l’approbation de la majorité des citoyens? Qu’est-ce qu’on en fait, des centaines d’agressions racistes (selon les chiffres officiels) qui ont lieu chaque année ?